2e DB – ANGLETERRE – 1944

 

V E I L L É E  D’ A R M E S
A N G L E T E R R E : 18 AVRIL 1944 – 21 JUILLET 1944

 

 

 

 

 

 

 

…Un premier test révélateur de la réalité de l’amalgame des esprits et des coeurs se présenta avec le mouvement de la DIVISION vers l’ANGLETERRE.
Les organigrammes éclatèrent. Des unités, des cadres, embarquèrent sur des paquebots à ORAN et à ARZEW.
D’autres, particulièrement les convoyeurs de blindés et les chars, mélangés selon les nécessités du transport, prirent la voie de L’ATLANTIQUE, à CASABLANCA, à bord de plusieurs LST (LANDING SHIP TRANSPORT) pour un long voyage en zigzag.
Une tempête continue et un mal de mer général gommèrent pendant le voyage toute velléité de manifester une humeur bonne et mauvaise.

Débarqués près de SWANSEA, sur la côte du PAYS DE GALLES, les blindés gagnèrent le YORKSHIRE par la route.
Du haut de leurs tourelles, les équipages, qui n’avaient connu, pendant des années, que le désert ou la sévérité du MOYEN-ORIENT et du MAGHREB, traversaient avec ahurissement un printemps anglais plus vert que nature.
La marche du convoi, réglée à la britannique, aurait dû être une promenade bucolique.
Du fait des hommes, ce fut une série d’incidents, de coups de gueule, de réactions frisant la désobéissance.
Les convois ne respectaient pas la spécificité des petites unités et mélangeaient les deux bords. Le tout ne pouvait que se trouver sous le commandement d’un seul CHEF, appartenant forcément à l’une des parties. Il se révéla insuffisant qu’il fût homme de qualité.
Ceux des capitaines qui n’auraient pas su leur métier, placés en tampon entre le commandement et les hommes, eurent, au cours des kilomètres, largement le temps de l’apprendre. Certains convinrent que c’était tout de même beau, une GRANDE UNITÉ passionnelle.

Sur l’herbe pauvre et sous les hautes frondaisons du YORKSHIRE, chacun délimita à nouveau son territoire, le piqueta de tentes.
La vie normale, façon TÉMARA, reprit. Le travail aussi. Avec la mer en fond de tableau de l’éternelle butte de tir, les tirs à distance réelle sur des cibles mobiles purent enfin être exécutés. Les tireurs se sentirent sûrs d’eux, et les radios et les chefs de chars ou de véhicules aussi.
Les unités reçurent leurs insignes, leur drapeau.

La guerre était là.
Chacun voulait en être, attendait impatiemment d’en être.

Nuit tombée, un immense bourdonnement la rendait présente.
Les escadres de la ROYAL AIR FORCE prenaient à tâtons, en tournoyant longuement, leur formation de combat au-dessus des bivouacs.
Au petit matin, on pouvait les voir regagner leurs bases. Les premiers en stricte formation de vol. Suivaient les éclopés. Derrière, les derniers, en lambeaux, s’écrasaient, après que l’on eut vu s’ouvrir les parachutes.

Vivement l’occasion, pour la Division, de parachever au sol le travail.

Fin juillet, arriva enfin l’ordre de départ.
(Pour Bournemouth, sur la Manche, mais alors personne ne connaissait cette destination.)

Tronçonnées par le 4e BUREAU d’un CORPS D’ARMÉE AMÉRICAIN, nantie d’appellation code, marquées de lettres elles-mêmes flanquées de numéros, les unités chenillées et blindées de la DIVISION embarquèrent sur chemin de fer.
Débarquées de nuit, obéissant aux lampes torches des MP (MILITARY Police),
elles se glissèrent dans les layons d’un sous-bois aux arbres numérotés. Elles entraient dans l’implacable organisation de l’univers américain. Plein des réservoirs, perception des munitions, repas, besoins naturels, confessions s’exécutaient sur ordre de haut-parleurs dissimulés dans les branches d’arbres.
Ainsi, la vie se déroula trois jours dans une termitière où n’était laissée nulle place à l’initiative de qui que ce soit.
L’embarquement se passa dans la même rigueur.

 

 

 

 

 
 
 
 
Angleterre 1944,
 
Le 3 juillet, sous un ciel bas distillant une pluie fine et pénétrante ( « it’s very nice weather, isn’t it ? » ) une nouvelle prise d’armes rassemble la totalité de la division.
Le général Koenig remet à chaque régiment, chaque bataillon, chaque groupe d’artillerie un drapeau
ou un étendard à son chiffre.
– C’est une Consécration, dit le lieutenant Guigon.
– Non, c’est une résurrection, réplique le lieutenant Briot de la Crochais, du 12e Cuirs, » Dauphin-Cavalerie », l’un des plus anciens régiments de France.
L’ultime drapeau vient d’être remis.

Le général Leclerc s’avance.
. Dans sa main, un petit écusson doré et bleu, brillant faiblement.
– Voici l’insigne de la division choisi par vous, dit-il.
Il est à l’image de la France, marquée de la Croix de Lorraine.
Chacun d’entre vous en recevra un exemplaire, numéroté.
Je réserve le numéro 1 pour le capitaine Divry qui nous a déjà précédés, parachuté sur le sol de la Patrie.
Je m’attribue le numéro 2. Prenez soin du vôtre.
Portez-Ie toujours…

Une France timbrée de la Croix de Lorraine…
Leclerc a attendu l’Angleterre et l’approche des combats pour concrétiser ainsi l’union, enfin réalisée; désormais, quels que soient son origine, son passé, ses convictions, chaque soldat, chaque gradé sait qu’il est membre à part entière, sans aucune restriction, d’une même famille. D’un clan.

 

( Extrait de » La 2ème DB » Erwan Bergot )

 

IMPLANTATIONS DE LA 2e DB DANS DANS LE YORKSHIRE  (EAST RIDING ) – DU NORD AU SUD
     
UNITÉ   VILLE
     
13E B.G.  BATAILLON DU GÉNIE TRANBY PARK
E.R. 3 ESCADRON DE RÉPARATION N°3 PRESTON
BM 13 BATAILLON MÉDICAL COTTINGHAM
ER 1 ESCADRON DE RÉPARATION N°1 SOUTH CAVE
97/84 C.M.T. COMPAGNIE MIXTE DE TRANSMISSION CHERRY BURTON
G.T.  D  G.T. DIO MARKET WEIGHTON
A.D. ARTILLERIE DIVISIONNAIRE DALTON HALL
E.P. ESCADRON DE PROTECTION DU GÉNÉRAL LECLERC DALTON HALL
E.M. E.M. DU GÉNÉRAL LECLERC DALTON HALL
22 G/F.T.A FORCE TERRESTRE ANTI-AÉRIENNE SIGGLESTONE
  3E BATAILLON/RÉGIMENT DE MARCHE DU TCHAD KILWICK
501e RCC 501E RÉGIMENT DE CHARS DE COMBAT HUGGATE
G.E.R XV GROUPE D’ESCADRON ET DE RÉPARATION MIDDLETON
1er R.M.S.M RÉGIMENT DE MARCHE DES SPAHIS MAROCAINS HORUSEA
XI/64 R.A.D.B. 64E RÉGIMENT D’ARTILLERIE D.B. TILTHORPE
G.T.L. G.T.  L A N G L A D E  
1/40e  RANA 1/40E RÉGIMENT D’ARTILLERIE NORD-AFRICAIN DRIFFIELD (EM-CR)
1/40e  RANA   NAFFERTON (1E ET 2E BIE)
1/40e  RANA   KILHAM (3° BIE)
R.M.T 1ER BATAILLON/RÉGIMENT DE MARCHE DU TCHAD SLEDMERE
R.B.F.M RÉGIMENT BLINDÉ DE FUSILIERS MARINS BURTON AGNES/SLEDMERE
 12e  C U I R  12E RÉGIMENT DE CUIRASSIERS EAST LUTTON/ SLEDMERE
IIIe R.M.T 2E BATAILLON/RÉGIMENT DE MARCHE DU TCHAD PIMBER STATION
G.E.I G.E.  I N T E N D A N C E LOWTHORPE DUMP & LOWTHORPE LODGE
  COMPAGNIE DE TRANSPORT BEVERLEY
CMT 97/84 TRANSMISSIONS BISHOP BURTON
C.C.R COMPAGNIE DE COMMANDEMENT DU RMT ELMSWELL
1/3e R.A.C 1/3E RÉGIMENT D’ARTILLERIE COLONIALE SLEDMERE
12e R.A.C. 12E RÉGIMENT DE CHASSEURS D’AFRIQUE  
     

La 2e DB entre dans la Bataille – .PDF – 5.8 Mo

 
 
 
 
 

 

 

SOUVENIRS DE DALTON HALL

 

SOUVENIRS DE DALTON HALL
par Lord Hotham, petit-fils de l’hôte du général Leclerc

 

Je suis très heureux que Monsieur Levy-Haussman m’ait demandé d’écrire quelques mots sur la période où notre maison familiale, Dalton Hall à East Yorkshire, fut le quartier général de la 2e Division blindée placée sous le haut commandement de l’illustre et vénéré général Leclerc.

Il me semble que Monsieur Levy-Haussman rencontra mon père en 1963 et je suis convaincu qu’ils ont partagé de nombreux souvenirs.

Je suis né au début de mai 1940 et bien que je sois un enfant conçu avant-guerre, mes souvenirs de cette époque ne sont pas très nombreux.

Ce que je retiens surtout, c’est la présentation du nouveau drapeau à la Division le 3 juillet 1944 par le général Koenig qui avait remplacé le général de Gaulle à la dernière minute. La parade eut lieu dans le parc en face de la maison en dessous des balustrades.

Je suis sûr que vous comprendrez que le sens profond de cette cérémonie n’a pas été pleinement compris ni par mon frère ou moi-même, ni par le petit-fils du chauffeur, lorsque de la cour nous avons suivi son déroulement, mais que l’impression la plus vive a été également partagée entre le petit avion qui a roulé le long de l’allée centrale pour y déposer le général Koenig et le tank Sherman qui y a été exposé.

Cela me fait penser que je détiens toujours un modèle réduit de ce tank qui a été réalisé pour moi par un soldat français. Il est toujours en très bon état, ma mère déclarant qu’il était trop beau pour jouer avec, l’ayant promptement confisqué !

Les seules personnes dont les noms me sont familiers sont la famille de Schompré, Guy de Schompré étant à l’époque, il me semble, un capitaine appartenant à l’état-major du général Leclerc. Je me souviens de son épouse qui s’appelait Evelyne et de sa petite fille Alix qui avait mon âge. Ils résidaient dans une villa dans le jardin. Madame de Schompré et ma mère sont restées amies. En 1972, il y a eu un grand rassemblement des Forces Françaises libres en Angleterre et nous y avons accueilli une importante délégation dont Madame la Maréchale Leclerc qui s’entendit très bien avec ma mère, toujours en vie à l’époque.

A Dalton Hall, il existe encore des traces de la présence des Forces Françaises libres en Angleterre : certaines portes de la cave comportent des messages comme ” Défense de fumer ” et ” Entrez sans frapper “. Il y aussi des affiches encadrées -une du discours du général de Gaulle commençant par ” …La France a perdu une bataille mais… ” et une autre représentant un homme au visage peint en vert – probablement un Allemand puisqu’il porte un casque maculé de charbon, dans le message dit ” la résistance française aide à étrangler le Boche “.

Je pense à ces mois de 1944 où nous étions ” occupés ” par les Forces Françaises libres comme étant de loin le plus important des services rendus par Dalton Hall pendant la guerre.
Pour terminer, mon épouse et moi avons suivi la 2e DB, partant de Dalton Hall mais seulement jusqu’au village de Dalton. Néanmoins, mon fils qui a emménagé au Hall serait heureux d’y accueillir des ” anciens de combat ” comme je le fus moi-même en mon temps.