L’ESCADRON SACRÉ

 

 


L’ESCADRON SACRÉ

 

 

 

Intégré dans le dispositif français dès le début de la campagne de Tunisie sur proposition du général Montgomery, « l’escadron sacré » est une unité franche, dont les origines antiques remontent à l’Hellade d’Epaminondas.

Les 300 immortels

Thèbes, IVe siècle avant J.-C. : Epaminondas, général et homme politique thébain influent, veut s’affranchir du joug des Lacédémoniens. Il confie à l’un de ses fidèles adjoints le recrutement de 300 guerriers sélectionnés, « égaux en droit et prêts à n’importe quelle éventualité ». Aussitôt créée, cette phalange d’élite nommée Hellade affronte, en -371, l’armée de Sparte et lui inflige une sévère défaite, malgré son infériorité numérique. Thèbes est désormais libre, et avec cette victoire antique naît la première unité « commando » de l’Histoire.
Surnommée « phalange des Immortels », cette unité affrontera au cours des siècles de nombreux ennemis. Cependant, la victoire n’est pas toujours au rendez-vous et, par deux fois, elle est totalement anéantie. Toujours fidèles à leur devise: « vaincre ou mourir », en combattant jusqu’au dernier, les « Immortels » incarnent l’esprit de la résistance nationale grecque.

Le bataillon Gigantès

Le 27 octobre 1940, la Grèce tombe sous le joug de l’occupant. Un long exil commence pour son gouvernement, qui doit fuir vers la Crète puis vers l’Egypte.
Réfugié à Alexandrie, le roi George II lutte pour regrouper l’ensemble des fractions politiques et des volontaires disposés à combattre dans les rangs des forces alliées. Au cours de l’année 1942, il envisage la constitution d’une unité d’élite qui symboliserait l’existence d’une Grèce libre. Cette formation, menée par un chef militaire de valeur, devrait être capable d’assurer la cohésion du groupe en réalisant l’amalgame des différentes tendances politiques du pays.

II existe alors, au sein des FPL, un capitaine servant dans la Légion étrangère depuis 1940: personnage haut en couleur au passé aventureux, diplômé de sciences politiques et de L’École de Guerre française, il porte le nom évocateur de: Christodopoulos Gigantès. Il se voit confier le recrutement, la formation et l’encadrement d’un commando rattaché à la 8″ armée. Mais les volontaires qui se présentent sont essentielle- ment des officiers, sans affectation et parfois sans expérience du combat. Cette particularité ne permet pas la création d’une unité traditionnelle, mais donne à Gigantès l’occasion de ressusciter « I’ escadron sacré », fidèle à l’esprit de la phalange antique : « tous égaux en grade ». L’idée n’offre pas que des avantages, car beaucoup d’officiers grecs acceptent mal d’être traités comme de simples soldats. Pourtant, le projet est retenu. Les volontaires partent en stage au camp de Kabrit, où sont également formés les SAS et SBS. Ce stage, particulièrement éprouvant, s’achève le 17 novembre 1942 par la troisième résurrection des « Immortels ».

Éclaireurs de la Force « L »

Au début de l’année 1943, la progression rapide des Alliés ne crée pas une situation propice aux missions commando. Par conséquent, l’état-major britannique envisage le retrait de « l’escadron sacré » de la zone opérationnelle, une décision qui provoque aussitôt de vives réactions au sein de l’unité grecque.
Soucieux d’éviter des tensions avec les autorités grecques libres”1, les Britanniques proposent à Gigantès d’affecter son commando à la force « L ». Francophile de longue date, le colonel grec est lui-même un fervent admirateur du général Leclerc, dont il fait la connaissance au QG des forces anglaises. À cette occasion, le rôle de l’escadron sacré est défini: les Jeep grecques seront employées en tant qu’escadron d’éclairage des unités de DC de la force « L » sur le front tunisien.