La FORCE “L” dans le Sud Tunisien

 

 


La FORCE “L” dans le Sud Tunisien

 

 

 

 

Koufra pris le 2 mars 1941, la colonne Leclerc entreprend la conquête du Fezzan – un territoire aussi étendu que la France – achevée le 12 janvier 1943.

C’est l’heure où le général Montgomery, à la tête de la VIIIe armée britannique venue des confins de la Lybie, s’apprête à remonter la Tunisie, à la rencontre des Forces franco-anglo-américaines venues d’Algérie.

Le 26 janvier 1943, à Tripoli, Leclerc rencontre Montgomery et se voit confier la garde du flanc-gauche de la VIIIe armée, entre les Monts des Matmatas et le Grand Erg.

Après un accrochage à Ksat Tarcine le 20 février, la force L organise la défense de Ksar Rhilane qui, à hauteur de la ligne Mareth, commande la passage entre l’océan impraticable de sable mou du Grand Erg et la chaîne des Matmatas à l’est.

 

 

 

 


Mars 1943. — Photo prise par M. de BOISLRMBERT. près de Gabès. au momeni de la Fusion des Troupes F. F. L. – A. F. N.

 

 

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La Force L sur le Djebel Outid.

Le commandant de la VIIIe armée décide une offensive générale pour le 20 mars, en vue de rompre le front italo-allemand, sur toute son étendue, de la mer au Grand erg oriental. La 2e division néo-zélandaise du général Freyberg doit déborder la ligne Mareth. Mais les Matmatas à l’est et le djebel Outid à l’ouest commandent le passage…
– Couvrez mon déboulé. Tenez les djebels…dit Freyberg à Leclerc.
Dans la nuit du 18 au 19, la Force L se rapproche de ses objectifs. Des camions s’ensablent. D’autres sautent sur les pistes et aux passages d’oueds où les mines foisonnent. Français, Grecs et Britanniques paient un nouveau tribut.
Au lever du jour, le groupement Dio, qui compte quatre jeeps de l’E.S., contrôle, dans l’est, le défilé d’El Hallouf, au pied des Mat-matas.
A l’ouest, les automitrailleuses françaises et les jeeps grecques amorcent un double mouvement de débordement de part et d’autre du djebel Outid, pilonné par les canons de Crépin et la R.A.F.
Au pied des pentes, Leclerc, dans une jeep grecque rejoint le gros de la Force L.

Incontinent, il ordonne et mène l’assaut. Des Français et des Africains tombent mais l’ennemi, menacé d’encerclement et attaqué de front, décroche ou lève les bras.
Mission remplie : les djebels sont tenus, à l’ouest comme à l’est. – Vous détenez les clés de la ligne Mareth… dit Freyberg à Leclerc.


La VIIIe armée attaque.

Au matin du 20 mars, le front flambe. A l’ouest des Matmatas, précédés d’énormes bulldozers qui tranchent vingt passages dans les berges abruptes de l’oued El Krecheb, six mille automitrailleuses, chars, canons, camions… et vingt-six mille Néo-Zélandais, submergent le désert, irrésistibles comme la marée. En avant et au-dessus, des essaims de chasseurs-bombardiers à cocardes et à étoiles blanches, pullulent dans le ciel.
Du sommet du djebel Outid, les vainqueurs de la veille, médusés, contemplent le déboulé des Néo-Zélandais.
Cependant, le groupement Vézinet fonce déjà vers le nord-ouest.
A 9 heures, il passe Ksar Tarcine et bien que ralenti par les sables et harcelé du ciel, il campe à Bir Soltane, le soir même.

 


Le lendemain 21 mars, après dix heures de corrida avec les Messerschmitt et une trentaine de kilomètres de montagnes russes à travers les dunes, il touche Bir Rhézène vers 22 heures, réserves d’eau épuisées. Le jour suivant, les Néo-Zélandais s’arrêtent en vue du défilé de Bogla-El Hamma, puissamment fortifié et défendu, et du Djebel Melab.
La ligne Mareth est débordée par l’ouest.

Par contre, à l’est, entre la mer et les Matmatas, l’attaque frontale s’est brisée sur les champs de mines et le béton.
L’obstacle de l’oued Ziggan s’est révélé plus redoutable prévu et la 50e division britannique qui avait pris pied sur l’autre rive a dû se replier sous le choc d’une violente contre-attaque alle-mande.

Aussi, le 23 mars, le général Montgomery décide de donner un rôle de fixation aux divi-sions faisant face à la ligne Mareth et de reporter l’effort principal à l’aile gauche. De ce côté, la victoire passe par le défilé de Bogla-El Hamma, dominé à l’est par les djebels Madjel et Melab.
– Prenez les djebels… dit une nouvelle fois, Freyberg à Leclerc.

 

La Force L sur les djebels Madjel et Melab.

Sur le chemin du Melab, l’Oum Ech Chia (cote 234) s’interpose. De loin, Leclerc toise l’obstacle et au-delà l’objectif final comme s’il les défiait.
Puis, toujours conduit en rafales par son chauffeur grec et suivi d’Ingold, il prend la tête et tout le jour, en jeep ou à pied, mène un train d’enfer, couvert à l’ouest par les automitrailleuses et les chars de Rémy.
Partout il surprend l’ennemi et le soir du 24 mars, la Force L tient le Djebel Chia et la cote 354 sur le Madjel.

Le 25 elle étend son contrôle sur le Melab jusqu’au Souïnia et rejette deux contre-attaques, l’une italienne, l’autre allemande, à la baïonnette.
Dans l’est, Dio patrouille vers Tamezret, à hauteur de Matmata.

Le capitaine d’Abzac, le vainqueur de Ghadamès, « considéré à peu près comme un dieu par ses Africains », est mort, frappé au pied de 354.
– Abzac, il est tombé en digne Pallikare… dit Gigantes… lui, le premier Français libre que nous ayons rencontré à Nalut. Mais ce n’est pas en vain… »
La mission est remplie : tout le Melab est tenu. En contrebas « sinuent » les voies menant à Gabès ; au loin dans l’est, celles de Matmata et de Mareth ; à l’ouest celle de la trouée d’El Hamma, barrée, de part en part, par un gigantesque fossé antichars.

La VIIIe armée perce dans la trouée d’El Hamma.

Le 26, à la naissance de l’aube, les vainqueurs du Melab, au haut de leur perchoir de 354, trépignent, le souffle court, à la vue de la VIIIe armée qui attaque dans la trouée de Bo-gla-El Hamma.
Un roulement sourd monte des défenses ennemies, écrasées de projectiles, noyées dans la poussière et la fumée. Des mastodontes sortis des forges de Vulcain, armés de monstrueuses chaînes tourbillonnantes ou de socs repoussoirs ouvrent vingt pistes parallèles à travers les champs de mines, les obsta-cles antichars, les oueds, les dunes… Immédiatement derrière, d’autres monstres, chars lourds ou légers, rampent, innombrables, trouant de traits de feu la brume de poussière.
Des centaines d’avions se succèdent vague après vague. Les uns s’acharnent sur le fossé antichar et les ouvrages au-delà, le long des pistes, sur les sommets et les pentes de l’autre côté de la trouée. Partout, après leur passage montent des fumées. Les autres, d’agiles points noirs, veillent protecteurs, haut dans le ciel.
Le 27, au jour, la Force L déboule de ses sommets.
La piste d’El Hamma, semée de chars détruits, canons abandonnés, camions incendiés, débris de toutes sortes… baigne dans une puanteur d’huile chaude, de caoutchouc brûlé, de chairs grillées…

Le soir, El Hamma est libéré.
Deux jours plus tard, le 29 mars 1943, derrière la lre D.B., la Force L entre à Gabès où elle reçoit un accueil délirant.

Pour elle, ce n’est qu’un des moments glorieux de sa route encore longue.
Le 8 avril, après la rupture de la position italo-allemande de l’oued Akarit, elle entame vers le nord, toujours à gauche de la VIIIe Armée, la poursuite qui la mènera au sud de la presqu’île du Cap Bon, au pied du Zaghouan.

 

 

 

 

 

 

 

 

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