KSAR RHILANE (Tunisie) – 10 mars 1943

 

 


KSAR RHILANE 
TUNISIE 10 MARS 1943

 

 

 

A Tripoli, le général Leclerc reçoit du général Montgomery. la mission de se porter dans le désert sud-tunisien, à Ksar Rhilanne, où la « Force L » rencontre pour la première fois les troupes de Rommel; l’accrochage est rude et, le 10 mars, il s’en faut de peu qu’elle ne soit encerclée par des auto-mitrailleuses allemandes, qu’elle met finalement en échec.

Résistance héroïque, grâce à laquelle une division de la 8e armée britannique peut contourner la ligne Mareth pour prendre Gabès, opération à laquelle Leclerc participe.

Désormais, la « Force L » constitue l’aile gauche de nos Alliés et c’est à ce titre qu’elle prend part aux opérations contre la ligne anti-tanks de l’Oued Akarit au nord de Gabès, à la prise de Kairouan et aux violents combats du Djebel Fadoloum, ayant conquis sa place aux côtés des armées alliées pour la libération de la Tunisie.

 

Bataille de Ksar Rhilane – Mars 1943

 

 

 

 

La « Force L » a mission de se porter, à partir du 20 février, dans la région de Ksar-Rhilane, à soixante-dix kilomètres de Medenine et de Foum-Tatahouine, pris par les Britanniques les 17 et 18 février.
Ksar-Rhilane est un couloir entre les monts des Matmata à l’est et les grandes dunes de sable du Grand Erg oriental à l’ouest.
Il convient de barrer ce couloir aux Allemands qui tenteraient de l’utiliser pour déborder par l’ouest la VIIIe armée.
La lre compagnie de Découverte et Combat (lre DC) quitte Nalut le 19 février, franchit la frontière tunisienne, prend contact avec le poste français de Remada et poursuit sur Ksar-Rhilane, qu’elle atteint le 22 février.
Accompagnée par des jeeps de l’escadron grec, elle patrouille autour de Ksar-Rhilane, a des contacts avec des détachements blindés allemands, les repousse vers le djebel Hallouf, et s’établit au nord sur le djebel Outid. Durant ce temps les groupements Vézinet et Dio entrent également en Tunisie et atteignent Ksar-Rhilane où ils s’installent en défensive.
Les attaques des stukas, les contacts avec les blindés, les mines placées en très grand nombre par les Allemands valent à la « Force L » quelques pertes. Les sapeurs britanniques déminent au fur et à mesure de l’avance.

Pour barrer le couloir de Ksar-Rhilane, Leclerc installe ses groupements face au nord-est en un arc de cercle appuyé sur le Grand Erg à l’ouest, difficile à franchir, et gardé par des méharistes algériens avec lesquels liaison est prise au puits de Ksar-Rhilane. Le dispositif est dispersé, camouflé et enterré. La lre compagnie de DC maintient au nord, à une trentaine de kilomètres, des avant-postes qui interdisent à l’ennemi de venir tâter et déterminer le contour de la position tenue. Leclerc lui-même a son PC au milieu de ses troupes et dort comme tous dans un trou profond de deux mètres sur deux, couvert par une bâche. Les véhicules sont camouflés au sud en arrière de la position. La base de la « Force L » est maintenue à soixante kilomètres en arrière du puits de Bir-Amir.

Le 9 mars, Leclerc est convoqué par Montgomery. Une offensive blindée allemande a été repoussée le 6 mars devant Medenine. Une attaque est attendue le lendemain 10 mars dans la région de Ksar-Rhilane pour déborder la position britannique de Medenine. En fait cette offensive est pour les Allemands celle de la dernière chance; elle est menée sur instruction directe de Hitler. Rommel voudrait se replier sur des positions situées à l’arrière, couvrant le sahel (région côtière de Sfax et Sousse) ou même plus au nord à hauteur d’Enfidaville pour tenir un bastion autour de Tunis, Bizerte et du cap Bon. Hitler, comme à Stalingrad, n’accepte pas et oblige à attaquer. Découragé, malade, Rommel se fait évacuer le 8 mars et rejoint l’Italie le 9, laissant le commandement à von Arnim, qui exécute les instructions du Fùhrer.

Montgomery connaît l’absence de blindés et la faiblesse en antichars de la « Force L » ; il propose à Leclerc de se reporter en arrière de 90 km pour éviter le choc. Leclerc refuse. Il risquerait d’être attaqué en cours de mouvement. Il préfère faire face sur la position de Ksar-Rhilane où il s’est solidement organisé depuis quinze jours, mais il demande un appui massif de l’aviation britannique. Montgomery le lui promet. Reconduit en avion, Leclerc arrive à son PC en fin de journée. Il prévient Vézinet de l’attaque du lendemain et lui prescrit de ne pas informer ses subordonnés afin que la troupe bénéficie d’une nuit tranquille et soit en pleine forme pour recevoir le choc.

 

Blindés allemands dans le désert tunisien


Le lendemain matin à l’aube, une force blindée allemande débouche devant les avant-postes du djebel Outid : c’est l’« Auflklàrung Abteilung » (groupement de reconnaissance) du major Lûck, renforcé pour sa mission d’une compagnie de chars de la 15e Panzerdivision, d’une compagnie de 75 antichars, et de deux tubes de 100 mm. Le contact est pris vers 6 h 30 avec les avant-postes installés sur le djebel Outid.
Suivant les ordres de Leclerc, ceux-ci se replient vers le Sud, sur Bir-Amir, en passant au large de la position de la « Force L » pour ne pas la dévoiler. L’attaque blindée allemande progresse en direction de la corne nord de la position française, dont elle décèle mal les emplacements.
Leclerc est au milieu de ses troupes et veille lui-même à ce que le feu ne soit pas ouvert avant que les blindés allemands ne soient à courte portée : ceux-ci tirent, un peu au hasard, de même que les stukas qui font leur apparition, car les positions de la « Force L » sont peu visibles.

Au commandement de Leclerc, les artilleurs de Crépin et les tirailleurs de Vézinet ouvrent le feu sur les blindés (à roues, pour la plupart) et les fantassins qui les accompagnent. Le contact est très proche. Vers 8 h 20, la RAF, alertée par la liaison radio de Leclerc, intervient massivement. L’assaut est repoussé. Les Allemands se replient, laissant sur le terrain de nombreux blindés détruits, des tués et des blessés. Leclerc pense que cet assaut sur le nord de sa position va être suivi d’autres tentatives, à l’est et au sud, car les Allemands tiendront à ouvrir le couloir. Effectivement, en fin de matinée, les Allemands mènent un deuxième assaut sur le sud de la position tenue par le groupe nomade du Tibesti. Leclerc dirige le même scénario : attente sans se dévoiler, riposte brutale à courte portée et intervention massive, à sa demande, de la RAF. L’assaut est repoussé.
Vers 15 h 30, l’ennemi fait une troisième tentative, cette fois-ci, au centre, tenu par le groupe nomade du Borkou et la 2e compagnie. Leclerc le repousse de la même façon : combat et tir au plus près, intervention massive de la RAF. Suit le repli, cette fois définitif, des blindés allemands. Une quatrième intervention massive de la RAF poursuit les Allemands en retraite vers le Nord; ils s’installent en position défensive sur le djebel Outid. Les Français sont restés maîtres du terrain.

Vers le milieu de la journée, Montgomery, inquiet mais flegmatique, aurait dit : « Ça doit chauffer vers Ksar-Rhilane. Ce brave Leclerc, il était bien sympathique… Mais maintenant nous ne le verrons plus ! »
Aussi est-il surpris lorsque vers 18 heures il reçoit le message suivant : « L’ennemi est en retraite vers le Nord; il a perdu soixante voitures, dix canons, et n’a jamais pu pénétrer notre position : nous avons une dizaine de nos hommes hors de combatl. »
Aussitôt, Montgomery répond par le percutant et bref message « Well done » : bien joué.


Le soir, Leclerc parcourt la position, félicite ses combattants, discute avec tous, artilleurs, tirailleurs, Grecs, sapeurs britanniques. Il rayonne de joie.
De retour à son PC il rédige l’ordre du jour suivant :

Les boches voulaient prendre Ksar-Rhilane. Ils ont attaqué avec environ cinquante engins blindés.
Les troupes du Tchad, aidées de leurs camarades britanniques et grecs, leur ont infligé un échec certain et fait subir des pertes sérieuses.

Le premier contact avec le boche a été une victoire, les autres le seront aussi!
Vive le général de Gaulle! Vive la France!

Plus tard, un général allemand prisonnier dira des Français ayant combattu à Ksar-Rhilane : « Ils ont très bien manœuvré et très bien résisté. »
Après le victorieux combat de Ksar-Rhilane, la « Force L » conserve pour mission d’assurer la sûreté du flanc gauche de la VIIIe armée. Elle est alors placée aux ordres du corps néo-zélandais commandé par le général Freyberg. 

1. Dont le capitaine Dronne, blessé, au sein du groupe nomade du Borkou en fin d’après-midi.

“LECLERC ”  –   Général Jean COMPAGNON

 

Le général LECLERC dans le sud-tunisien – 1943

 

 

LES OPERATIONS
Extrait de “LECLERC DE HAUTECLOCQUE” 
François INGOLD et Louis MOUILLESEAUX
Editions Littéraires de France – 1948

 

Les 22 et 23 février, la Force L livre ses premiers combats pour l’occupation de Ksar-Rhilane où elle s’organise. Le 10 mars, l’Allemand attaque ses positions. C’est « son premier contact avec le Boche ».

7 h.20 environ. Quelques véhicules allemands sont visibles vers le Nord. Le télémètre donne 1.700… 2.000. Ils sont arrêtés, observent.
Ouvrir le feu ?… Non, pas encore. Ce qui peut le plus gêner l’ennemi maintenant, c’est d’ignorer où nous sommes…
Les Panzergrenadiere descendent des camions, avancent, ouvrent au hasard devant eux le feu de leurs armes automatiques… Nous ne répondons pas.
7 h.30 environ. Vingt-six avions allemands apparaissent dans le ciel, survolent la position, jettent quelques bombes et mitraillent.
La « tentacule » (moyen de liaison radio
immédiat et direct avec la R. A. F.) passe immédiatement : « 26 avions allemands sur nous. »

 


Formation de bombardiers en piqué STUKA JU 87

 

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Canon anti aérien BOFORS de 40mm de la Force L Tunisie 1943

 

 

Canon anti aérien BOFORS de 40mm 8ème Armée Britannique Tunisie 1943